Les gens du voyage sont Français depuis plus de 600 ans : ils sont les descendants d’un peuple qui a quitté l’Inde au 9ème ou 10ème siècle et qui a atteint la France en 1419.
Ils ont reçu les noms de Gitans, Tsiganes (dénominations génériques perçues comme positives) Manouches (Europe occidentale), Yéniches (allemands, alsaciens, vosgiens), Sinti (d’Italie), Gitans (d’Espagne) Bohémiens, Romanichels (dénominations du passé perçues négativement aujourd’hui) Égyptiens, Sarrasins (appellations historiques dans la France médiévale) Roms (dénomination européenne internationale, qui inclut aussi les Roms roumains et bulgares) Gens du Voyage (dénomination administrative française).
On est souvent touchés par la culture des voyageurs, une culture qui, par bien des côtés, rappelle l’ancien temps : les gens du voyage sont en effet très attachés à leurs différences culturelles, et sont fidèles aux valeurs de leurs parents.
La discrimination dont ils sont l’objet doit toujours être gardée en mémoire : c’est une discrimination quasi anthropologique (sédentaires / nomades) qui s’est inscrite très concrètement dans notre histoire et dans notre mentalité.
Elle s’est traduite notamment par des documents d’identité spécifiques permettant une surveillance stigmatisante : carnet anthropométrique en 1912, puis carnet de circulation en 1970. La carte nationale d’identité n’a pu être utilisée par les gens du voyage que depuis 2017.
Il y a des discriminations qui restent gravées dans leur mémoire : particulièrement l’enfermement des Tsiganes par des gendarmes français pendant la dernière guerre dans des camps de concentration en France (dont le camp de Montreuil-Bellay), et leur libération extrêmement tardive en 1946, soit 1 à 2 ans après la libération des camps nazis.
La discrimination, qui imprègne depuis des siècles la mémoire des gens du voyage, se poursuit encore de nos jours, de bien des manières, de milieux privés mais parfois aussi d’acteurs publics.
La Défenseure des droits résume : « Les Gens du Voyage sont victimes de discriminations systémiques. Aucune communauté en France ne subit autant de discrimination »
Cette discrimination engendre une méfiance des communautés de voyageurs envers la société. Les rapports peuvent être tendus si la défiance s’installe.
Connaissant l’animosité dont ils peuvent être l’objet, les gens du voyage préfèrent vivre à l’écart, voire cachés.
Ils ont différentes formes d'habitat : aires d'accueil, terrains familiaux locatifs, terrains privés, terrains illicites (tolérés ou non). Les habitats qui leur sont proposés sont bien souvent à l'écart des centres-villes. Nombre d’entre eux reçoivent leur courrier à une adresse de domiciliation postale : la différence entre leur domiciliation postale (obligatoire) et leur lieu de stationnement peut faire surgir des difficultés administratives.
La liberté est très revendiquée : cette recherche de liberté impacte le rapport au voyage, à l'école, aux institutions et au travail.
Par ailleurs, dans une culture où les caravanes laissent passer tous les bruits, les gens du voyage se font discrets, voire secrets.
La famille au sens large est très importante ; les enfants y occupent une place prépondérante et les grands événements de la vie sont largement suivis.
La religion est essentielle dans la vie des voyageurs et c'est souvent elle qui guide les déplacements.
Le travail doit pouvoir s'exercer partout en déplacement. Les voyageurs aiment être travailleurs indépendants, et gagner ce qu’ils auront travaillé de leurs mains.
On observe une forte réticence de leur part à rejoindre la culture majoritaire : ils ne rêvent pas d’être médecins ou ingénieurs, et se méfient de l’école très intégratrice… En cela, ils peuvent apparaître plus différents de nous qu’un immigré qui rêve, lui, de s’intégrer à notre pays.
De la culture nomade découlent des choix de métiers nomades (donc peu de salariat), qui rendent plus difficile l’aide à apporter pour les familles en précarité.
Ils sont assez direct dans leur expression, toujours chaleureux et simples.
Enfin on note l’importance de la famille et de la prégnance de la foi chrétienne, largement partagée.
L’habitat des gens du voyage est un grand problème : or sans solution d’habitat, les gens du voyage ne peuvent se projeter ni vers l’école, ni vers l’avenir.
En Yvelines, les aires d’accueil des gens du voyage sont parmi les plus chères de France, et sont en nombre très insuffisant. Sur notre département, il y a de l’ordre de deux fois plus de gens du voyage en stationnement irrégulier que sur aire d’accueil légale. Ces stationnements engendrent des conflits entre les communes, les gens du voyage et les forces de l’ordre.
Combien de gens du voyage en Yvelines : ils sont de l’ordre de 5000 personnes.
Pour les bénévoles et les professionnels qui sont en lien avec eux, l'objectif n'est pas de les changer. Il est de réduire leur précarité multiforme, et de parvenir à prendre en compte leurs différences culturelles dans les dispositifs de droit commun.